Phémina 2020

Angélique Boissière

Après son projet Marées, exposé plusieurs fois et décliné en un premier livre, Angélique Boissière se dévoile un peu plus dans une série d’autoportraits argentiques réalisés au moyen format. Captée au fil du temps depuis 2014 – et toujours en cours –, cette nouvelle série prolonge son travail de portraitiste et renvoie aux réflexions sous-jacentes à Marées. Tout portrait peint avec sincérité est le portrait de l’artiste, et non du modèle, disait Oscar Wilde. C’est l’une des logiques de cette série d’autoportraits, où la jeune photographe se met en scène directement, sans dissimuler l’outil photographique, là où elle se dessinait seulement à travers ses portraits précédents. Après des études littéraires et d’arts appliqués, Angélique Boissière travaille comme graphiste et photographe. C’est ce double héritage qui rend ses images si mystérieuses, si composées, si narratives. Si l’autoportrait est un classique de la photographie, portée aujourd’hui à son paroxysme par la pratique du « selfie », les images d’Angélique Boissière s’en détachent en introduisant trois éléments centraux : le temps, la distance, l’étude. C’est cette ossature si particulière qui rend ses images attachantes et qui transforme de simples autoportraits en portraits à part entière. En se prenant elle-même en photo, elle isole un état d’âme. C’est une mise à nue littérale ou figurée, un moyen d’introspection, mais aussi un jeu entre le réel et le faux, une interrogation identitaire autour d’un même personnage, elle-même. Comme dans Marées, où la logique sérielle saute aux yeux, les autoportraits d’Angélique Boissière s’inscrivent dans la durée, se répondent les uns aux autres, racontent. C’est une sorte de retour aux sources photographiques, une façon de se réinventer.

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