Phémina 2020

Fabrice Milochau

L’image de soi et le regard de l’autre
Avec les classes de TCAP ATMFC et ULIS, du lycée professionnel Emile BAUDOT, à Wassy.

L’adolescence est une période ou l’image de soi revêt une importance toute particulière. L’adolescent se construit largement à travers le regard des autres et l’idéal auquel il souhaiterait correspondre. Souvent hors d’atteinte, cet « idéal » est alors synonyme de dévalorisation dans le présent ; la course à l’image parfaite qui résoudrait tous les problèmes, entraîne parfois un surcroît de motivation, mais plus souvent une tristesse et un mal être larvé, creuset du repli sur soi, de la violence, ou de la délinquance.
Ces éléments mènent les élèves les plus fragiles à un sentiment de
dévalorisation qui entraînent des troubles des apprentissages et peuvent les
conduire à une situation d’échec ou de décrochage scolaire. Certains,
conscients de leurs difficultés et selon l’environnement social dans lequel ils évoluent, sont envahis par la culpabilité, le manque de confiance, le
pessimisme, les difficultés relationnelles. D’autres se sentent inférieures et
déprécient leur physique, redoutent le regard d’autrui. Un profond mal-être peut aussi se manifester par une expression orale difficile, voire inexistante.
Fort de ce constat, le photographe Fabrice Milochau a proposé de travailler
durant un an au sein de l’établissement, en collaboration étroite avec le corps enseignant, sur l’image que les adolescents ont d’eux même et des autres.
En dehors des éternelles photos de classes, ou des illustrations sur les réseaux sociaux, le rapport des jeunes à la photographie est souvent marginal. En outre, lorsque la société ou le monde des adultes introduit la photographie personnalisée, c’est dans une démarche de contrôle et d’identification froide, à l’image des photos d’identité. Il s’agissait donc de proposer un regard photographique professionnel à contre pied, qui ait justement pour but de
valoriser le plus possible chaque adolescent, à la manière d’une photo d’auteur.

Ces 7 portraits sont extraits des 140 images du projet, qui ont donné lieu à une exposition grands
formats et des livrets-magazines.

« Le réel n’a pas vraiment de prise sur nous.
Seules comptent nos convictions, nées de nos accords
passés avec nous-même… »
Fabrice Milochau

« Devenir soi-même est parfois la quête d’une vie.

Résidence artistique
photographique

Nous sommes, en apparences, tant de choses à la fois : nos
goûts, nos peurs, notre éducation, notre caractère, notre sexe,
notre âge, nos rêves… Mais aussi ce que nous faisons, la trace
que laisse notre existence, notre ‘utilité’.
Ce grand sac rempli de nos vertus et de nos faiblesses est bien
lourd à porter. Pourtant, rien ne saurait y entrer ou en sortir
sans notre consentement tacite. Même le regard et l’opinion
d’autrui, si chers à notre ego, doivent être acceptés pour agir.
L’image de nous-même est la grande synthèse de ce que nous
avons adoubé en notre âme et, souvent, inconscience…
Et tout cela coexiste dans notre corps, vitrine perpétuelle en
constante évolution.
L’adolescence est indissociable du corps et de son image
spécifique. Se trouver belle à 17 ans peut effacer bien des
blessures et bien des échecs. Se trouver belle, c’est renouer
avec soi, espérer, vibrer d’une envie d’avenir, se réjouir de ce
que l’autre verra de nous. C’est se placer au centre de la
capacité d’aimer et d’être aimé ; voila ce que j’ai voulu donner
dans l’espace contigu et intense de quelques photographies.
Ce que j’ai reçu en retour a rempli mon cœur d’adulte d’une
émotion acérée, 14 fois renouvelée, dans un partage
silencieux et limpide. »

Membre de croisons nos regards et organisateur du festival Phémina

Son prochain livre en souscription : https://www.fabrice-milochau.eu/souscription-fontainebleau-2/

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